La Méditation (Philosophie Orientale)

Merci à Sonia pour cette photo prise

lors de notre dernière rencontre

 



Je remets régulièrement à mes patientes un peu de lecture sous forme de textes de 3 ou 4 pages, écrits d’une façon simple, et je l’espère, agréables à lire et faciles à comprendre.
Ces textes traitent de philosophie, d’hygiène alimentaire, de relaxation, de traditions thérapeutiques orientales, de méthodes alternatives, de récits vécus, de travail sur les émotions et le système énergétique…
Il arrive parfois qu’une patiente, ayant un intérêt soudain pour un sujet particulier, m’invite à faire pour elle des recherches dans ma bibliothèque et qu’ensuite ses commentaires me donnent envie d’écrire sur ce sujet pour les autres.
C’est le cas de celui-ci.

Ma patiente vivant un mal être depuis quelque temps et ne trouvant pas de réponse réellement satisfaisante par l’intermédiaire de la médecine classique, décida de se tourner vers la médecine alternative, donc vers une approche holistique de son problème.
Dès l’instant ou elle eut enfin compris que son corps et son esprit ne pouvaient en aucun cas être dissociés, son intérêt dans ce domaine ne cessa de croître et ses questions philosophiques devinrent de plus en plus pointues. Son avidité d’en savoir plus était chaque jour plus grande. C’est donc grâce à elle si ce texte est à présent distribué, et que d’autres patientes comme elle, trouvent des réponses à leurs questions.
Nous lui en sommes toutes reconnaissantes.


Ce texte est tiré de différents passages du livre tibétain de la vie et de la mort.
Il est écrit par Sogyal Rinpoché qui fut élevé par l’un des plus grands maîtres spirituels du siècle, Jamyang Kyentsé Chökyi Lodrö, à la mémoire duquel je m’incline.
J’espère que mon choix répondra à votre attente et qu’il vous permettra d’accéder au bien-être et à la paix de votre esprit, uniquement grâce à votre nouvelle approche de la vie … et de la mort.

« Je me suis aperçu qu’aujourd’hui, ceux qui s’engagent dans une voie spirituelle ne savent pas toujours comment intégrer la pratique de la méditation dans leur vie quotidienne. Je n’insisterai jamais assez sur ce point : la raison d’être, l’intérêt et le but tout entier de la méditation sont d’intégrer celle-ci dans l’action. La violence et les tensions, les défis et les distractions de la vie moderne rendent cette intégration d’autant plus urgente que nécessaire.
Certaines personnes se plaignent à moi en ces termes :
«Je médite depuis douze ans et pourtant rien n’a changé ;
Je suis resté le même. Pourquoi ? »
La raison est qu’un abîme sépare leur pratique spirituelle de leur vie quotidienne, qui semble exister dans deux mondes distincts sans aucunement s’inspirer l’une de l’autre. Cela me rappelle un professeur que je connaissais lorsque j’étais à l’école au Tibet.
Il pouvait brillamment exposer les règles de la grammaire tibétaine, mais savait à peine écrire une phrase correcte !
Comment donc parvenir à cette intégration, que faire pour imprégner notre vie quotidienne de l’humour tranquille et du détachement spacieux de la méditation ?
Rien ne peut remplacer la pratique régulière.
En effet, c’est seulement par une pratique véritable que nous pourrons savourer sans interruption le calme de la nature de notre esprit, et en prolonger l’expérience dans notre vie de tous les jours.

Je recommande à mes étudiants de ne pas sortir trop vite d’une séance de méditation. Accordez-vous quelques minutes pour que la paix née de la pratique s’infiltre dans votre vie. « Ne vous levez pas d’un bond, ne partez pas trop vite, mais laissez votre vigilance s’intégrer à votre vie. Soyez comme un homme qui souffre d’une fracture : il demeure toujours attentif à ce que personne ne le heurte. »
Après la méditation, il est important de ne pas céder à la tendance consistant à solidifier notre perception du monde. Quand vous revenez à votre existence quotidienne, permettez à la sagesse, à la vision profonde, à la compassion, à l’humour, à l’aisance, à la largeur d’esprit et au détachement nés de la méditation d’imprégner votre expérience.

La méditation éveille en vous la réalisation de la nature illusoire et chimérique de toute chose.
Un grand maître disait :
« Après la pratique de la méditation, on devrait devenir un enfant de l’illusion. »
Dudjom Rinpoché donnait le conseil suivant :
« En un sens, tout est illusoire et possède la nature du rêve. Pourtant, malgré tout, continuez à agir avec humour.

Si vous marchez par exemple, dirigez-vous d’un cœur léger, sans raideur ni solennité inutile, vers le large espace de la vérité.
Quand vous êtes assis, soyez la citadelle de la vérité.
Quand vous mangez, remplissez le ventre de la vacuité de vos négativités et de vos illusions ; laissez-les se dissoudre dans l’espace qui pénètre tout.
Et quand vous allez aux toilettes, considérez que tous vos obscurcissements et tous vos blocages sont par-là même purifiés et éliminés. »

Ce n’est donc pas seulement la pratique assise qui importe, mais bien plus, l’état d’esprit dans lequel vous-vous trouvez après la méditation.
C’est cet esprit calme et centré qu’il vous faut prolonger dans chacune de vos actions.

J’aime cette histoire Zen où le disciple demande à son maître :
« -Maître, comment appliquez-vous l’éveil à l’action ?
-Comment le mettez-vous en pratique dans la vie de tous les jours ?
-En mangeant et en dormant, répond le Maître
-Mais Maître, tout le monde mange et tout le monde dort.
-Mais tous ne mangent pas quand ils mangent et tous ne dorment pas quand ils dorment ! »

D’où le célèbre adage Zen : « Quand je mange, je mange et quand je dors, je dors. »

Manger quand vous mangez et dormir quand vous dormez signifie être totalement présent dans chacune de vos actions, sans qu’aucunes des distractions de l’égo ne vous éloigne de cette présence. C’est cela l’intégration.

Et si vous souhaitez réellement l’accomplir, vous ne pourrez vous contenter de considérer la pratique comme un simple remède ou une thérapie occasionnelle ; elle devra devenir votre nourriture quotidienne.
Voilà pourquoi il est excellent de développer cette capacité d’intégration dans le cadre d’une retraite, loin des tensions de la vie citadine moderne.
Les gens viennent trop souvent à la méditation dans l’espoir d’obtenir des résultats extraordinaires, par exemple des visions, des lumières ou des phénomènes miraculeux. Lorsque rien de tout cela ne se produit, ils sont très déçus.
Pourtant le véritable miracle de la méditation est plus ordinaire et bien plus utile.
C’est une transformation subtile qui se produit non seulement dans votre esprit et dans vos émotions, mais également dans votre corps.

La méditation possède un important pouvoir de guérison.
Savants et médecins ont découvert que, si vous êtes de bonne humeur, les cellules même de votre corps sont plus « joyeuses ». Si parcontre votre état d’esprit est négatif, vos cellules peuvent devenir malignes.
Votre état de santé général dépend beaucoup de votre état d’esprit et de votre façon d’être.

L’inspiration
J’ai dit que la méditation est la voie de l’éveil et la démarche la plus essentielle de cette vie. Chaque fois que je parle de méditation à mes étudiants, j’insiste toujours sur la nécessité d’une discipline résolue et d’un engagement déterminé ; en même temps, je souligne combien il est important d’effectuer la pratique avec autant d’inspiration et de créativité que possible.
En un sens la méditation est un art et vous devriez venir à elle avec toute la joie et l’imagination fertile d’un artiste.
Soyez aussi ingénieux à susciter l’inspiration qui vous ouvrira à votre propre paix intérieure, que vous l’êtes lorsqu’il s’agit de vous livrer à la compétition, de vous adonner aux activités névrotiques qui ont cours dans la société.
Il y a tant de façon d’approcher la méditation dans la joie !

Ecoutez une musique qui vous touche et laissez-là vous pénétrer profondément.
Rassemblez des poèmes, des citations ou des extraits d’enseignements qui vous ont ému au fil des années et ayez-les toujours près de vous, pour vous inspirer.
J’ai toujours aimé les « thangka », ces peintures tibétaines ; leur beauté m’éveille l’âme. Vous pouvez, vous aussi, trouver des reproductions de peintures qui éveillent en vous le sens du sacré, et les accrocher aux murs de votre chambre. Vous pouvez écouter une cassette de l’enseignement d’un grand maître ou de chants sacrés. Vous pouvez faire du lieu où vous méditez un paradis tout simple, grâce à une fleur, un bâton d’encens, une bougie, la photo d’un maître qui a atteint l’éveil ou la statue d’une déité ou d’un bouddha.
Vous pouvez transformer la pièce la plus ordinaire en un espace intime et sacré où, chaque jour vous viendrez à la rencontre de votre être véritable avec le bonheur et la célébration joyeuse d’un ami qui en salue un autre.

Et si vous trouvez difficile de pratiquer la méditation chez vous, en ville, faites preuve d’imagination, partez dans la nature. La nature est toujours une source d’inspiration inépuisable.
Pour calmer votre esprit, promenez-vous dans un parc à l’aube ou admirez la rosée posée sur la rose d’un jardin.
Allongez-vous sur le sol et contemplez le ciel. Laissez votre esprit se perdre dans l’immensité.
Que le ciel extérieur éveille le ciel intérieur de votre être.
Debout près d’un ruisseau, laissez votre esprit se mêler à la course de l’eau.
Unissez-vous à son murmure incessant.
Asseyez-vous près d’une cascade et laissez son chant apaisant purifier votre esprit. Marchez le long de la mer et laissez le vent du large caresser votre visage.
Asseyez-vous près d’un lac où dans un jardin et, tout en respirant paisiblement, laissez le silence s’établir en vous tandis que la lune monte, lentement et majestueusement, dans la nuit claire.
Tout peut devenir une invitation à la méditation : un sourire, un visage aperçu dans le métro, la vue d’une petite fleur poussant dans l’interstice d’un trottoir, une cascade d’étoffe chatoyante dans une vitrine, un rayon de soleil illuminant des fleurs sur le bord d’une fenêtre.
Soyez à l’affût de chaque manifestation de beauté et de grâce.
Offrez chaque joie, soyez à tout moment attentif au « message émanant sans cesse du silence. »
Lentement, vous deviendrez maître de votre propre félicité, alchimiste de votre propre joie, ayant toute sorte de remèdes à porté de main pour élever, égayer, éclairer et inspirer chacune de vos respirations et chacun de vos mouvements.

Qu’est-ce qu’un grand pratiquant spirituel ?
C’est une personne qui vit constamment dans la présence de son être véritable, qui a trouvé la source d’une inspiration profonde et s’y abreuve continuellement.

 

« Ce qui semble le plus simple et le plus égaré en vous est le plus fort et le plus déterminé. N’est-ce pas votre souffle qui a érigé et endurci la structure de vos os ? »

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